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SY Staatenlos – En route pour la liberté

Dans cette série – Passeport pour la liberté – Nicolas Jutzet part sur le chemin de la liberté, en s’intéressant aux alternatives qui existent, celles qui ont existé et celles de demain, pour échapper aux États modernes. Dans le deuxième épisode, nous nous intéressons aux personnes qui sont «sans État fixe». En route pour la liberté ?

Début 2020, une pandémie déferle sur une Europe mal préparée. Dans la panique, les pays se ferment. Un peu partout, les gouvernements ordonnent des «lockdowns». Avec une certaine brutalité, les citoyens occidentaux vivent dans leur quotidien le retour d’un État tout-puissant, capable de restreindre les libertés fondamentales de chacun. Pour la plupart, enfants d’une période pacifique de l’Histoire, c’est une première. Des semaines d’isolement nous attendent. Dans ce chaos, un individu décide qu’il n’en sera rien et que 2020 sera une année de liberté pour lui.

Ce choix, c’est celui de Christoph Heuermann, un Allemand devenu «sans État fixe». Pour ses proches, sa démarche n’est que la suite logique de son style de vie. Lui qui gagne son argent en expliquant aux gens comment contourner aux mieux les États et leur fiscalité confiscatoire, se voyait mal accepter d’être enfermé pendant des semaines. Cette façon de vivre est habituellement déjà fort peu compatible avec les structures qui accompagnent les existences de Monsieur et Madame tout-le-monde. En raison de son amour pour la liberté et par volonté d’échapper aux griffes des États, ce «perpetual traveler» – de 2015 à début 2020, il a voyagé dans 160 pays – se sentait à l’étroit dans un territoire donné. Avant l’apparition de la pandémie, il était même en bonne voie pour atteindre son but : avoir vu tous les pays du monde à l’âge de 30 ans. Début 2020, douche froide, le Covid-19 et les restrictions de voyager décrétées par les gouvernements remettent tout en question. De ce fait, un choix s’imposait. La terre est hostile à la liberté de circuler ? Prenons la mer ! C’est ainsi qu’il se retrouve à acheter un catamaran en Croatie, le «SY Staatenlos».

L’aventure du «SY Staatenlos», direction le Brésil

Avant de prendre la mer, quelques rénovations pour rendre le catamaran plus indépendant s’avérèrent nécessaires. Comme l’installation de nouvelles batteries fournissant suffisamment d’électricité pour assurer une consommation habituelle pendant plusieurs jours, ou encore la mise en place des panneaux solaires d’une capacité totale de 1’100 watts – pour éviter de dépendre des moteurs.

Touche finale, deux voiles noires et jaunes – les couleurs traditionnelles des libertariens – qui portent l’inscription «Taxation is Theft». Le message est clair, et visible de loin. Ces quelques mises à jour faites, restait le volet administratif à régler. En théorie, une tâche facile pour cette équipe de «sans État fixe». Pour éviter de payer la TVA sur le prix d’achat du bateau, une manœuvre s’imposa, consistant à exporter et réimporter le bateau après un court passage dans les eaux internationales à 12 milles marins (soit 22 km) de la côte. Une fois la ruse effectuée, et validée par les autorités, désormais plus rien ne s’opposait au départ. Et pour ceux qui restent à terre : un dispositif satellite permet à tout un chacun de suivre en quasi-temps réel l’avancée du «SY Staatenlos». Direction le Brésil ! Après des escales à Palma de Majorque et ailleurs dans le sud de l’Espagne, il fut temps de passer le détroit de Gibraltar et de se lancer définitivement à l’aventure. Après la mer Méditerranée, place à l’océan Atlantique. Un dernier arrêt au Cap-Vert et c’est la grande traversée. Arrivés finalement à bon port en janvier 2021, Christoph, son capitaine, et le reste de l’équipage – fluctuant au gré des escales – prévoient désormais d’explorer le Brésil pendant quelques mois.

Bien plus qu’un simple catamaran

À long terme, le fondateur de «Tax Free Today» ne souhaite pas passer plus d’un tiers de l’année sur le «SY Staatenlos», mais plutôt en faire un outil disponible pour sa clientèle, une communauté mondiale d’entrepreneurs et d’investisseurs en ligne, qui peuvent explorer le monde avec le capitaine Janosch («Josh»), qui sera le seul à vivre réellement à l’année sur le catamaran de la liberté.

Le credo de Christoph, «cessez de vous plaindre et libérez-vous du fardeau de l’État» se retrouve dans le slogan de son entreprise de conseil «Tax Free Today». Avec le «SY Staatenlos», il lui donne une application concrète, que chacun peut suivre, via les réseaux sociaux. Cette volonté de s’engager pour plus de liberté et un monde meilleur ne vient pas de nulle part. Déçu par son engagement bénévole en politique et dans des milieux associatifs, il a tiré comme conclusion que personne ne pouvait donner la liberté aux autres, mais que chacun devait la trouver, en faisant son chemin. Fort de ce constat, il s’intéresse de façon détaillée aux différents systèmes d’imposition et décortique les règlements des paradis fiscaux. Ses recherches confirment ses espoirs : il existe des possibilités pour ceux qui veulent vivre librement et elles sont à portée de main, avec un peu de préparation et d’ingéniosité. Cette façon de «résister» aux États par le mouvement continu semble, par sa nature instable, réservée à une infime partie des individus qui peuvent, comme Christoph Heuermann, subvenir à leurs besoins sans avoir d’attache fixe. Même parmi les libéraux, cet idéal de vie fait débat. Dans son récent roman «L’Enfer», Gaspard Koenig imagine un monde devenu fou, d’efficience et de consommation. Son héros est condamné, après sa mort, à «vivre» dans les aéroports, sans réelle attache, et sans issue. Que penserait-il du «SY Staatenlos» ?

BONUS


L’auteur de la série, Nicolas Jutzet, nous écrit de Saint-Gall (Suisse)

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