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À la rencontre de la liberté – Interview de Raphaël Enthoven

À la rencontre de la liberté – Épisode 7

Dans cette série, nous partons à la rencontre de différents acteurs qui s’engagent pour la liberté au quotidien. Pour notre septième  épisode, nous avons interrogé Raphaël Enthoven, essayiste et professeur en philosophie.

Extraits de l’épisode

Il n’y a pas d’univers libéral sans égalité des chances. On ne peut pas être libéral, c’est-à-dire favorable à la concurrence, sans souhaiter en même temps que chacun parte de la même ligne ; c’est une condition de possibilité de la concurrence. La liberté, bien comprise, implique donc la défense de l’égalité.

Dans la deuxième partie de l’interview, le philosophe s’attache à défendre la liberté d’expression, notamment dans le contexte de l’assassinat de Samuel Paty.

Il n’y a pas de liberté sans liberté d’expression. De façon générale, on ne peut pas trier parmi les libertés : liberté d’entreprendre, liberté d’expression, liberté de mouvement… Un monde qui ne garantit qu’une liberté aux dépens des autres n’est pas un univers de liberté. Trier parmi les libertés est une faute cardinale.

Il insiste sur la différence essentielle entre le droit de choquer, qui est une liberté absolue, et celui d’humilier, qui doit, selon lui, être condamné par la loi.

Cette différence est fondamentale. La loi, en France, punit ceux qui humilient. Si je vous traite de «sale juif» ou de «sale arabe», je tombe sous le coup de la loi. J’ai tendance à penser qu’on est plus libre dans un [tel] monde, parce qu’il s’agit [ici] d’humilier l’autre, c’est une parole de censure. Si la loi s’étendait à ce qui choque, ce qui blesse, ce qui offense les individus, les critères de l’offense ne seraient pas les mêmes que ceux de l’humiliation. Dire qu’on est favorable à l’IVG peut choquer des tas de gens par exemple. Si la loi punissait ce qui choque, il n’y aurait plus de liberté du tout.

Enfin, dans la dernière partie de l’entretien, Raphaël Enthoven s’attache à cerner les dangers qui pèsent sur l’avenir de la liberté et de la démocratie :

On peut nommer ce danger : l’ennui. La démocratie est un monde où on s’emmerde. Il faut bien comprendre que vivre en démocratie, c’est vivre dans un régime dont l’unique horizon est lui-même. Trouver du sens dans un espace comme celui-là est extraordinairement difficile. Ne pas avoir la cause à défendre d’une dictature à abattre, ne pas avoir le soutien d’une religion qui oriente notre foi vers un au-delà, ou bien ne pas avoir une adversité objective comme l’Union Soviétique ou le 3ème Reich… Nous n’avons rien de tout cela. C’est la tragédie de l’individu démocratique qui se voit rendu à lui-même. Tout le problème là-dedans c’est de savoir comment éviter que la liberté ne soit vaincue par sa propre victoire ?

Découvrez tout cela et plus encore en écoutant notre podcast !

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