À la rencontre de la liberté – Épisode 9
Dans cette série, nous partons à la rencontre de différents acteurs qui s’engagent pour la liberté au quotidien. Pour notre neuvième épisode, nous avons interrogé Daniel Borrillo, chercheur au CNRS et expert auprès du think tank GenerationLibre.
Extraits de l’épisode
En introduction, Daniel Borrillo rappelle la centralité du concept de disposer de son corps dans la théorie politique moderne :
La liberté de disposer de son corps est un concept à la fois anthropologique et politique. Il naît avec l’Habeas Corpus, comme moment d’entrée dans la modernité en matière de droit de la procédure. Il a été repris par Locke, et après par l’ensemble des libéraux et libertariens, y compris par la gauche. Proudhon l’utilisait comme un argument d’émancipation contre le travail forcé et l’esclavage. Marx va lui aussi considérer qu’il faut être propriétaire de son corps pour ne pas être approprié par autrui.
Il dénonce ensuite le conservatisme ambiant à gauche et à droite, qui vient s’opposer à cette liberté fondamentale :
Il y a en France une opposition à la libre disposition de soi à la fois par une rhétorique de la droite classique, même religieuse, considérant que la vie est sacrée et qu’il n’appartient pas à l’individu de disposer de son corps. Mais la notion d’une valeur extérieure qui pourrait s’opposer à la libre-disposition de soi a été réactualisée par des courants qui ne sont pas nécessairement de droite. Par exemple, on peut penser au développement du concept de «dignité humaine» qui vient remplacer la valeur de la sacralité de la vie en droit canonique. C’est-à-dire qu’on a tout un tas de valeurs abstraites qui viennent aujourd’hui s’opposer à un droit concret, celui de disposer de soi. Le libéralisme s’oppose à cela et défend le droit de disposer de soi-même.
La liberté de disposer de son corps est, selon les termes de Daniel Borrillo, le fondement de la démocratie :
Ce droit est la condition de la démocratie. Il inclut la propriété de soi, de son esprit, de son image. C’est parce que je m’appartiens que je peux déléguer mon pouvoir à un tiers et éventuellement à l’État. Cette précondition ne peut donc pas être à la merci de caprices électoralistes, c’est une notion fondamentale.
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